vendredi 12 octobre 2007

Ségolène Royal invite Fadela Amara à "quitter ce gouvernement"

PARIS (AFP) — Ségolène Royal a invité jeudi Fadela Amara à "tirer les conséquences" de son désaccord sur les tests ADN et à "quitter ce gouvernement".

Interrogée sur RTL, l'ex-candidate socialiste à l'élection présidentielle a approuvé "sur le fond" le commentaire de la secrétaire d'Etat à la Politique de la ville, qui a jugé, à propos des tests ADN, "dégueulasse" d'"instrumentaliser" l'immigration.

Toutefois, Ségolène Royal s'est montrée plus réservée sur le vocabulaire de Fadela Amara. "Un ministre de la République doit veiller à s'exprimer de façon respectueuse et en bon français", a-t-elle dit.

Plaidant pour "la cohérence", Ségolène Royal a estimé que Fadela Amara devait "en tirer les conséquences et quitter ce gouvernement".

Nicolas Sarkozy et François Fillon ont voulu calmer le jeu mercredi après les protestations véhémentes soulevées au sein de la majorité par les propos de Fadela Amara.

De Moscou où il était en visite officielle, le président de la République avait dès mardi soir, appelé à "l'apaisement" après ce premier véritable accroc entre un ministre d'"ouverture", en l'occurrence l'un des plus emblématiques, et les parlementaires UMP.

"Je vais demander à chacun qu'il veuille bien s'apaiser", a déclaré Nicolas Sarkozy à la presse.

Principalement visés, la secrétaire d'Etat chargée de la politique de la Ville, Fadela Amara, mais aussi le secrétaire général de l'UMP Patrick Devedjian. Ce dernier l'avait accusée d'avoir "injurié les députés de la majorité".

Second temps dans cette volonté de déminer le terrain: François Fillon a reçu

mercredi la secrétaire d'Etat, l'assurant de sa "confiance pour son travail dans le gouvernement" tout en lui recommandant d'"engager un dialogue plus direct avec la majorité pour la préparation du plan Banlieue".

L'après-midi, c'était au tour de M. Devedjian d'être reçu par le Premier ministre.

Tout en rappelant à sa sortie "l'émotion" suscitée dans les rangs de l'UMP par ce "petit dérapage" de Mme Amara, M. Devedjian a visiblement entendu le message de pacification du couple de l'exécutif.

Il a ainsi annoncé qu'il allait inviter l'ancienne présidente de "Ni putes ni soumises" à un petit déjeuner avec la direction de son parti, pour apprendre à "mieux se connaître".

"Nous n'avons pas assez fait de chemin vers elle, elle n'en a pas fait non plus beaucoup vers nous, peut-être parce qu'elle sortait d'un autre univers. 400 parlementaires UMP d'un coup, ça fait un peu peur, donc nous avons peut-être le devoir de faire un effort en allant au devant d'elle", a déclaré M. Devdejian.

Mme Amara, absente des bancs de l'Assemblée mercredi pour les questions au gouvernement, a semblé vouloir mettre fin à la polémique en évoquant mardi soir un "débat démocratique normal" et en s'en prenant aux socialistes qui demandaient sa démission.

"Je n'ai pas de leçon à recevoir de députés de gauche qui nous ont laissés vivre dans des endroits dégueulasses quand ils étaient aux affaires", a-t-elle lancé répétant à dessein l'adjectif polémique.

Brice Hortefeux, qui défend le projet de loi sur l'immigration à l'origine de la passe d'arme entre l'ancienne membre du PS et la droite, est aussi venu au secours de sa collègue en affirmant à Madrid ne pas avoir été "choqué" par ses déclarations.

La ministre du Logement Christine Boutin, dont la secrétaire d'Etat à la Politique de la ville est "sous (l)'autorité", a de son côté déclaré: "Fadela Amara est une femme spontanée. Voilà, c'est tout, elle est comme ça (...) Je n'ai rien de plus à dire. Elle est spontanée, elle est formidable".

Le porte-parole du gouvernement Laurent Wauquiez a conforté la secrétaire d'Etat, connu pour son langage cru, estimant qu'elle "apporte de l'oxygène" au gouvernement en n'usant pas de "la langue de bois politique".

Dans les rangs de la majorité, les appréciations étaient mercredi nettement moins virulentes que la veille.

"Je crois simplement que Fadela Amara n'a pas lu le texte ni même l'amendement sur lequel elle s'est exprimée", a estimé mercredi Nadine Morano, porte-parole de l'UMP, la même qui prévenait mardi: "la liberté de parole s'accompagne d'un devoir de politesse".

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