mardi 1 avril 2008

«On ne peut pas écarter Ségolène Royal d’un revers de la main»


François Rebsamen, maire de Dijon et numéro 2 du Parti socialiste.
Recueilli par DAVID REVAULT D’ALLONNES
QUOTIDIEN : mardi 1 avril 2008

Proche de Ségolène Royal, François Rebsamen, maire de Dijon et numéro 2 du PS, évoque la suite des opérations socialistes.

Que vous inspire la percée de Bertrand Delanoë dans le sondage LH2-Libération d’hier ?

Cela ne change rien. Il profite de sa victoire à Paris, mais rien n’est joué. Je note simplement que ceux qui critiquent les sondages auront l’œil rivé dessus.

Etes-vous candidat au poste de premier secrétaire ?

Pour le moment, je ne me pose pas la question. Je souhaite que le futur premier secrétaire assume pleinement le leadership du parti. Ce qui écarte un plus petit dénominateur ou un accord entre courants.

Ségolène Royal doit-elle être ce leader ?

Elle peut, comme d’autres, assumer cela. Je ne crois pas à un intérimaire ou à un premier secrétaire de transition.

Est-elle aujourd’hui majoritaire, comme elle l’affirme ?

Je ne l’ai jamais entendue affirmer cela, mais bien malin qui peut le dire ! Cela dépendra de la dynamique qu’elle saura impulser. Les militants n’ont pas été consultés depuis maintenant près de deux ans, et les cartes ont été rebattues. Une chose est sûre : on ne peut pas l’écarter d’un revers de la main, alors qu’elle a été la candidate désignée par 60 % des adhérents, présente au deuxième tour, et qu’elle a réalisé un score honorable alors que les socialistes n’étaient pas rassemblés.

On a le sentiment que nul n’est majoritaire à lui tout seul…

On voit bien par qui et avec quelle majorité le PS a été dirigé depuis 2002. Il n’y aurait donc aucun scandale à voir ceux qui pensent la même chose travailler ensemble.

Comment jugez-vous l’entreprise des «reconstructeurs» ?

Je respecte les camarades qui ont une autre conception stratégique. Mais si on met en œuvre le «ni Ségolène Royal ni Bertrand Delanoë» pour avoir le «et Dominique Strauss-Kahn et Laurent Fabius» cela n’apporte aucune clarté.

Quelle leçon tirer de la victoire de la gauche aux municipales ?

C’est la victoire d’un certain pragmatisme. Bien qu’adossés aux valeurs socialistes, nos candidats n’ont pas passé leur temps à se poser de faux débats idéologiques. Ça fait longtemps qu’ils savent qu’on vit dans une économie de marché et qu’il faut produire de la richesse avant de la redistribuer. Et cette victoire montre que quand nos candidats rassemblent les socialistes, la gauche et au-delà, dans la clarté et sur un projet, la stratégie fonctionne.

Le rapport au Modem sera-t-il central au congrès ?

Avant de faire de faux débats sur les questions d’alliance, posons cette question : le PS doit-il se concevoir de manière frileuse, repliée sur lui-même ? Ou comme une force suffisamment attractive pour attirer bien au-delà ?

La position de Ségolène Royal sur le Modem, comme la vôtre, reste «controversée…

Personne n’a jamais parlé de renversement d’alliance. Ce sont de faux procès qui nous sont intentés, à Ségolène Royal ou à moi-même. Je souhaite pour ma part que ce qui s’est passé aux municipales serve d’exemple. Il faut, comme le dit Gérard Collomb [maire de Lyon, ndlr], que le PS fasse sa «mue culturelle». Et je ne me sens pas moins à gauche que d’autres, qui prennent sur leurs listes d’anciens membres de l’UMP.

Vous souhaitiez accélérer. Pourquoi vous être rangé au calendrier de François Hollande, avec son congrès en novembre ?

Son calendrier a été conforté par la victoire et accepté par tout le monde. Mais ne perdons pas six mois tournés vers nous-mêmes. Près d’un an après la présidentielle, la direction du PS ne s’est toujours pas tournée vers ses militants. Si on veut redonner vie au parti, il faut maintenant les associer, rapidement, au processus de rénovation.


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