lundi 30 juin 2008

Ségolène Royal part au combat contre le "clan Sarkozy"

L'ex-candidate à la présidentielle a présenté sa contribution en vue du congrès du PS et fustigé le chef de l'Etat. Reportage.

Ségolène Royal samedi à Paris (Audrey Cerdan/Rue89)

"Combattre la mainmise du clan Sarkozy sur la France". La première des sept têtes de chapitre de la contribution de Ségolène Royal annonce la couleur: les querelles entre socialistes sont dépassées, il faut maintenant concentrer toutes les attaques en direction du locataire de l'Elysée... afin de pouvoir y accéder en 2012.

Avant cela, il y a le congrès socialiste de Reims en novembre et la bataille à mener pour le poste de Premier secrétaire du parti. A l'inverse des autres gros bonnets du PS -Laurent Fabius, Dominique Strauss-Khan et Bertrand Delanoë-, elle s'est officiellement lancée dans la course, il y un peu plus d'un mois. Le deuxième acte de sa candidature avait lieu ce samedi, à Paris, avec la présentation de sa contribution. (Voir la vidéo)



Jean-Pierre Mignard (Audrey Cerdan).Loin de l'austérité des présentations des motions, cette semaine également, de Martine Aubry, Pierre Moscovici ou encore Manuel Valls, Ségolène Royal a opté pour le show. Une Maison de la chimie qui déborde, une foule d'adhérents chauffée à blanc, des applaudissements à tout rompre ponctuant chaque fin de phrase. Jean-Pierre Mignard, président de son réseau Désirs d'avenir, n'a pas peur de l'hyperbole:

"Nous sommes en train de faire le premier grand meeting d'opposition contre le pouvoir en place depuis un an!"

"On se croirait en avril 2007", me glisse aussi une consœur. Il est vrai que tout y est: les mêmes cadres de la campagne présidentielle (Jean-Louis Bianco, François Rebsamen, Vincent Peillon), les mêmes jeunes trentas (Najat Belkacem, Delphine Batho, Aurélie Filippetti), les mêmes spécialistes (le lobbyiste Pascal Tallon, l'économiste Thomas Piketty).

Pas un mot en direction des autres camarades

Edwy Plénel (Audrey Cerdan).Et comme toute bonne candidate "aux prochaines échéances électorales", elle a invité nombre de personnalités. L'agent des stars Dominique Besnehard, la metteuse en scène Ariane Mnouchkine, ou encore le journaliste Edwy Plenel. Le président de Mediapart, qui avait juré que la lettre de soutien de Ségolène Royal à Mediapart n'était qu'une adhésion politique à son site parmi d'autres de sensibilités différentes, va avoir du mal à prononcer un discours aussi antisarkozyste lors d'un meeting UMP.

Les noms des camarades qui ont quitté le navire Royal depuis la défaite au second tour de la présidentielle sont tus. Pas un mot de l'ami intime Julien Dray, adversaire pour le poste de Premier secrétaire, qui a déclaré pas plus tard que vendredi sur RMC être "en désaccord tant sur le plan de la philosophie de la vie que sur les aspects politiques". Rien non plus sur Arnaud Montebourg, son ancien porte-parole parti s'acoquiner avec le strausskhanien Pierre Moscovici. De toute façon, remarque une des proches de la présidente de Poitou-Charentes:

"L'odeur du succès va rapidement les allécher et les faire revenir aussi vite qu'ils sont partis."

"Sarkozy a besoin de la peur pour gouverner"

Delphine Batho (Audrey Cerdan).La seule et unique cible ce samedi s'appelait Nicolas Sarkozy. Et force est de constater que chacun des intervenants s'en est donné à cœur joie. Souvent avec brio. Du percutant témoignage du syndicaliste de la sidérurgie de Gandrange à la tranchante salve de la spécialiste des questions de sécurité, la députée socialiste Delphine Batho:

"Nicolas Sarkozy ne veut pas débarrasser la France de la violence car il a besoin de la peur pour gouverner."

Alors pour "patienter pendant ce long moment difficile", Ségolène Royal propose de rêver à une autre France, celle qu'elle propose. Moderniser les institutions en s'inspirant des politiques régionales menées par les présidents socialistes, créer enfin un impôt progressiste, continuer à parler aux banlieues, miser toujours plus sur la petite enfance, sauver l'hôpital public…

L'intitulé de la contribution de quarante-deux pages de Ségolène Royal pour le congrès socialiste de Reims est respecté à la lettre: "combattre et proposer".

Photos: Audrey Cerdan (Rue89)

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