mardi 16 septembre 2008

Darcos : les profs de maternelle ne « changent que les couches »

La vidéo date du 3 juillet, mais n’agite que depuis quelques jours la blogosphère enseignante. Auditionné par la commission des Finances du Sénat, Xavier Darcos y expose son objectif de réduction du nombre d’enseignants en première section de maternelle. Enseignants dont le ministre de l’Education nationale n’a pas une haute opinion :

« Est-ce qu’il est vraiment logique, alors que nous sommes si soucieux de la bonne utilisation des crédits délégués par l’Etat, que nous fassions passer des concours bac +5 à des personnes dont la fonction va être essentiellement de faire faire des siestes à des enfants ou de leur changer les couches ? » (Voir la vidéo)



Un manque de considération qui fait évidemment bondir le secrétaire général du SE-Unsa (Syndicat enseignant de l’Union nationale des syndicats autonomes). Luc Bérille se dit « désolé de voir le ministre manifester son ignorance crasse pour le travail de ceux qui dépendent normalement de son ministère ».

Et de rappeler « qu’une des conditions pour l’inscription à l’école maternelle est justement que les enfants soient propres », sans compter l’aide des assistantes territoriales. « Dire que ça résume à lui seul le travail des collègues de maternelle, c’est particulièrement injurieux pour la profession », poursuit Luc Bérille, qui énumère le « travail énorme » réalisé par ces enseignants. (Ecouter le son)



Surtout, à côté de ces propos polémiques, Xavier Darcos se base sur un raisonnement erroné pour faire des économies. Une erreur que vient justement de pointer la Cour des comptes dans son rapport sur l’application des lois de financement de la Sécurité sociale, rendu public le 10 septembre.

La Cour des comptes souligne qu’en raison du désengagement déjà effectif du ministère de l’Education nationale, « le taux de scolarisation des 2-3 ans a diminué de 27% entre 2003 et 2007 » et qu’à « la rentrée 2005, 5000 enfants étaient en attente de scolarisation en maternelle », alors que le taux de fécondité ne cesse de croître en France. Avant d’asséner un commentaire en forme de désaveu pour le ministre :

« Cette évolution apparaît peu cohérente au regard de la bonne utilisation de l’argent public : le coût par enfant est moindre s’il est accueilli en maternelle plutôt qu’en EAJE [Etablissements d’accueil de jeunes enfants, c’est-à-dire les modes de garde collectifs alternatifs, ndlr] (13 368 € en 2006 en EAJE, contre 4 570 € en maternelle, hors périscolaire). »

Xavier Darcos disait craindre de provoquer « une tempête de polémiques » en soulevant cette question, mais il n’a rien fait pour l’éviter.

Rue89

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