mercredi 1 octobre 2008

SOS

Il y a des pilotes dans l'avion ! A leur sortie de l'Elysée, les banquiers et les assureurs convoqués, hier matin, par Nicolas Sarkozy se sont voulus... rassurants. Comme plus tard dans la journée Christine Lagarde et François Fillon. Le même mot d'ordre a été martelé avec une belle et troublante unanimité : le système financier français est «solide» et «stable». Sauf qu'à l'aube, avant cette réunion de crise qui ne voulait pas dire son nom, la France a dû se résoudre à envoyer une bouée de trois milliards d'euros pour soutenir Dexia, la banque des collectivités locales, afin d'éviter qu'elle ne coule à pic. Un sauvetage en urgence auquel la Belgique et le Luxembourg se sont associés avec célérité. Sauf que lesdits pilotes, vantés pour leur fringante habilité, n'ont guère brillé jusqu'à présent par leurs qualités visionnaires, ou leur faculté d'anticipation. Depuis plus d'un an que souffle l'ouragan financier, ils ont plutôt ressemblé aux trois singes des sanctuaires japonais : ils n'avaient, semble-t-il, rien vu, rien entendu, rien dit. Ni rien prévu. Sauf que l'avion en question, apparemment si bien maîtrisé, est pris dans un cyclone qui dépasse et de loin les frontières hexagonales, et n'épargne rien sur son passage. Qui sait vraiment de quoi demain sera fait ? Quels cadavres dorment encore dans les placards ? Quels dominos finiront par tomber ? Quelle institution lancera le prochain SOS ? Après Fortis, repêché dimanche au Benelux, Hypo Real Estate renfloué lundi par Berlin, Bradford et Bringley en partie nationalisé en Angleterre, d'autres encore au Danemark, Dexia hier, qui ? Saisis à tour de rôle, les gouvernements réagissent et agissent, pour l'instant, au cas par cas, sans boussole puisque les vents mauvais qui traversent l'Atlantique l'ont déréglée. Ils signent des chèques en espérant calmer le jeu. Et rétablir une confiance perdue. Dans cette folle tornade, c'est bien la valeur à protéger des soubresauts. Mais pour qu'elle reprenne des couleurs, et retrouve sa cote sur le marché, il faudra autre chose que des annonces en ordre dispersé, et des propos lénifiants.

Michel VAGNER

l'est républicain

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