lettre de Ségolène aux grands-parents
Chère Madame, Cher Monsieur,
Je m’adresse à vous parce que je vous porte une attention et un respect particuliers, à vous qui avez transmis et transmettez encore en ce moment à vos enfants et vos petits-enfants les trésors d’énergie, d’intelligence et de solidarité qui font la France d’aujourd’hui, tout simplement.
Je vous écris avec gravité, car j’ai pour notre pays, et pour notre peuple, un attachement profond que je veux partager avec vous.
Durant de nombreux mois, j’ai entendu vos désirs d’avenir, vos inquiétudes, vos colères mais aussi vos espoirs, pour vous et les vôtres, pour vos enfants, vos petits-enfants et même vos arrière-petits-enfants !
Je veux remettre le pays debout. Mais j’ai besoin, pour réussir dans cette tâche, de votre soutien et de votre engagement. C’est vous qui transmettez à vos descendants le sens de la responsabilité et de l’effort. C’est vous qui animez les familles qui sont au cœur du pacte présidentiel que je propose à la France.
Je ne peux m’adresser à vous sans aborder un sujet grave : celui de vos retraites d’aujourd’hui et de demain. Malheureusement, l’actuelle majorité a créé dans ce domaine une véritable bombe à retardement. Progressivement, par des mécanismes complexes et peu visibles, vos retraites diminuent et votre pouvoir d’achat est rogné.
Je n’accepte pas, pour ma part, que la qualité et même la dignité de la vie des plus anciens soit menacée par des politiques imprévoyantes. Il faut garantir le financement des retraites d’une manière beaucoup plus solide, et nous interdire la pauvreté de nos aînés : elle serait indigne de la France.
C’est un enjeu de civilisation. Travailler plus pour gagner plus est une phrase creuse pour ceux qui, comme vous, ne travaillent plus aujourd’hui en raison de leur âge. C’est, en réalité, le paravent du chacun pour soi et de la loi du plus fort. Dans ce modèle de société, les anciens sont toujours sacrifiés. Ce n’est pas ce que nous voulons pour la France.
L’ordre juste, au contraire, c’est le règne du gagnant-gagnant, du donnant-donnant. Vous avez donné votre travail et votre vie active pour votre pays et vos enfants, nous vous devons, aujourd’hui, une certaine qualité et, je le répète, une certaine dignité de vie.
Ces principes fondamentaux devront se traduire par des mesures concrètes : la revalorisation des retraites les plus modestes, mais aussi des pensions de reversion. La création d’un véritable service public de la dépendance pour que cette épreuve devienne, pour ceux qui la subissent, un temps de vie véritable et de relations maintenues avec les proches plutôt que celui de l’exclusion liée à l’âge. Tout cela est possible. Nos voisins européens le mettent déjà en œuvre. Nous n’avons que trop tardé.
La qualité de vie, pour vous comme pour tous les Français, cela signifie aussi être fermes avec ceux qui ne respectent pas les règles et s’attaquent, évidemment, aux plus faibles ! Il faudra donc créer une police de quartier qui s’appuiera sur l’expérience de la police de proximité supprimée depuis 2002. Chacun doit être conscient que ses droits sont inséparables de ses devoirs. Etre en sécurité chez vous est un « service minimum » que la République vous doit.
Mais ce que la France vous doit, surtout, c’est l’engagement à faire en sorte que les générations futures vivront au moins aussi bien et, qui sait, mieux encore que
vous-mêmes. C’est aussi à cela que je m’engage, en mettant la famille, l’éducation, le travail et l’écologie au cœur de mon pacte présidentiel.
Les jeunes de vos familles ont droit à une éducation de qualité. Ils ont droit, aussi, à acquérir une expérience dans le monde du travail de manière systématique, grâce aux emplois tremplins et aux contrats première chance. Ces deux mesures permettront aux entreprises de les embaucher au lieu d’exiger systématiquement, comme c’est le cas aujourd’hui, plusieurs années d’expérience, de manière absurde : comment commencer à travailler dans ce cas !
Les générations futures ont le droit, aussi, d’hériter d’une planète préservée. Au niveau de notre pays, beaucoup peut être fait, comme l’interdiction des OGM (Organismes Génétiquement Modifiés) en plein champ ou le développement des énergies renouvelables. C’est en étant écologiquement irréprochables dans le cadre national que nous pourrons être exigeants au niveau international.
Tout cela est possible. Par la confiance, l’avenir devient réalité. Le pire n’est jamais sûr, et l’angoisse ou la peur doivent moins compter, dans nos choix, que la volonté et l’espoir. Face à la crise que nous connaissons, la France a besoin de calme, non de nervosité. De sagesse, non d’impatience. D’unité, non de division. D’autorité, non de brutalité.
Aujourd’hui, je veux en appeler à votre mémoire, vous qui avez aussi connu des heures sombres de l’histoire de notre pays, et vous demander : quand la France a été tentée par la peur, le repli sur elle-même et l’autoritarisme, est-ce qu’elle ne s’est pas toujours condamnée à l’impuissance et au malheur ?
Au contraire, quand notre pays s’est tourné vers l’avenir, est-ce qu’il n’a pas toujours donné le meilleur de lui-même pour devenir plus grand et plus fort ? Donnons-lui, donnez-vous à nouveau cette chance aujourd’hui !
C’est sur vous que repose la responsabilité très lourde de choisir le futur du pays pour vos enfants, non pas seulement pour cinq ou dix années, mais pour une période beaucoup plus longue, parce que les projets de civilisation qui vous sont proposés sont totalement différents.
Vous pouvez compter sur moi pour bâtir l’avenir en m’assurant de la participation de tous, c’est-à-dire de vous-mêmes et des vôtres. L’avenir du Peuple Souverain, c’est-à-dire de cette France Présidente que j’appelle de mes vœux. Une France riche d’avenir et de chances pour vous et ceux qui vous sont chers.
Je compte aussi sur vous.
Ségolène Royal
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