Ségolène Royal, cap 2012
"Ma plus belle histoire, c'est vous", le livre que publie aujourd'hui Ségolène Royal, constitue une étape-clé dans sa reconquête du PS comme de l'opinion. "Je ne connais pas encore le lieu, ni la date, mais je sais qu'un jour nous nous retrouverons", écrit-elle en conclusion de son ouvrage, dédié aux 17 millions d'électeurs qui ont voté pour elle au deuxième tour de l'élection présidentielle.
Depuis sa défaite et l'échec de sa tentative de s'imposer à la tête du PS, Ségolène Royal a connu quelques coups de blues mais elle n'est pas restée inactive. Elle estime avoir largement contribué à faire bouger les lignes au sein du PS, et veut se rendre incontournable. Ses positions sur le rapprochement avec les centristes, la réforme des retraites ou l'approbation du traité européen de Lisbonne sont désormais implicitement ou explicitement partagées par une majorité de responsables socialistes. Dans ces conditions, elle pense pouvoir inspirer la rénovation du PS et "fédérer une nouvelle offre politique à gauche".
Pour y parvenir, l'ancienne candidate socialiste à la présidentielle n'a pas l'intention de constituer un courant au sein du PS. Pour autant, elle organise ses soutiens et ne perd pas de vue le prochain congrès, qui aura lieu fin 2008. Grâce à l'aide de Pierre Bergé (l'ancien patron et associé d'Yves Saint Laurent), elle a emménagé avec son équipe de fidèles dans un appartement du boulevard Raspail, à Paris, où se réunissent chaque mardi matin ses partisans. Autour de ses anciens co-directeurs de campagne, Jean-Louis Bianco et François Rebsamen, se retrouvent la troupe des fidèles, dont les "jeunes pousses" Aurélie Fillipetti et Delphine Batho, mais aussi l'avocat Jean-Pierre Mignard, nouveau président de Désirs d'avenir – la "boîte à idées" des "ségolistes" – ainsi que le député européen Vincent Peillon, qui s'est rapproché de l'ex-candidate.
Appliquant la vieille recette mitterrandienne des cercles concentriques, Ségolène Royal a réactivé ses anciens réseaux de "correspondants de terrain", constitués dans les rangs du PS avant même qu'elle annonce sa candidature aux primaires socialistes, l'an dernier. Des structures souples qui pourraient être mobilisées si le signal de la conquête du parti socialiste devait être lancé. "Il est clair que si Bertrand Delanoë annonçait sa décision de briguer le poste de premier secrétaire au prochain congrès, Ségolène ferait immédiatement acte de candidature, prévient un président de région proche d'elle. Mais nous n'en sommes pas encore là." Guère enthousiaste à l'idée de gérer, dès 2008, le quotidien du PS, Ségolène Royal pourrait être tentée de placer un de ses proches à la tête du parti. Les volontaires ne manquent pas : François Rebsamen, actuel numéro deux du PS, qui connaît toutes les fédérations, Michel Sapin, ex-rocardien, qui fut ministre de l'économie, ou Vincent Peillon, qui se propose d'agréger d'autres sensibilités autour de l'ex-candidate à l'Elysée.
Certains suggèrent de modifier les statuts en supprimant le poste de premier secrétaire, remplacé par un tandem constitué d'un secrétaire général chargé de l'organisation et d'un président (ou d'une présidente) capable de prendre de la hauteur et qui serait le candidat naturel du parti à la prochaine élection présidentielle. A moins que s'impose une autre idée : l'organisation de "primaires à l'italienne" en faisant directement voter les sympathisants pour désigner le candidat de la gauche. Une idée qui a les faveurs de celle qui avait remporté haut la main les primaires au sein du PS, en 2006.
En attendant que la situation se décante au sein du parti, l'agenda de Ségolène Royal est saturé. Décidée à revenir au centre du jeu, elle multiplie les rendez-vous avec les parlementaires et n'hésite pas à reprendre contact avec certains dirigeants socialistes jospiniens ou strauss-kahniens qui n'avaient pas soutenu sa candidature. Elle a rencontré les anciens ministres Hubert Védrine, Elisabeth Guigou, Alain Richard et Pierre Moscovici. Elle s'est également réconciliée avec son ami de longue date Jean-Pierre Jouyet, devenu secrétaire d'Etat aux affaires européennes du gouvernement Fillon, au nom de "l'ouverture" sarkozyste, après avoir travaillé aux côtés de Lionel Jospin à Matignon. Enfin, entre deux voyages à l'étranger, la présidente de la région Poitou-Charentes multiplie les séances de travail avec les économistes Thomas Piketty, Daniel Cohen et Philippe Aghion ou la sociologue Dominique Méda.
Ségolène Royal a déjà fixé son grand rendez-vous. Ce sera en janvier 2008. Cette fois, elle annoncera "l'échéancier" qu'elle s'est fixé dans la perspective du congrès du PS.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire