mardi 22 janvier 2008

A gauche, tout est possible... ensemble !

Avec i>Télé, la chronique de Nicolas Domenach, directeur-adjoint de la rédaction de Marianne. C'est le principe des vases communicants : quand Nicolas Sarkozy dégringole, la gauche rigole. Et fort, car elle n'en avait pas eu beaucoup l'occasion ces derniers temps chagrins.



C'est le principe des vases communicants : quand Nicolas Sarkozy dégringole, la gauche rigole. Et fort, car elle n'en avait pas eu beaucoup l'occasion ces derniers temps chagrins. Les socialistes tournaient à l'aigre dans la défaite présidentielle. Règlements de comptes incessants, procès en illégitimité et batailles de positions picrocholines en prévision du futur congrès, les militants socialistes qui sont tous des élus ou des apprentis élus commençaient à craindre le pire pour les échéances municipales. Or la fin de l'état de grâce, puis le début de disgrâce de Sarkozy les a fait basculer en espérance. Tout devient possible… à gauche.

Ce changement de climat, cette fin de l'anticyclone sarkozyste, les candidats aux municipales l'ont perçu à Noël, avec une dégradation accentuée lors de la galette que leur ont apportée les rois mages. En cette période de fêtes, ces militants ont beaucoup vu les personnes âgées qui leur ont dit et répété que « tout de même, ce Sarkozy, il n'était pas convenable » et qu'« il ne faisait pas président à vouloir se marier plus vite que la musique » et à passer son temps à faire le touriste chic en vacances pendant que leurs retraites n'augmentaient pas. Quand les personnes âgées commencent à lâcher la droite, c'est que la gauche peut, doit se lâcher…

Les socialistes ont donc senti localement venir la baisse de Sarkozy dans les sondages et entrevoient désormais la possibilité d'une victoire nette voire cinglante aux municipales puisque le président lui-même et son Premier ministre ont prétendu donner une signification nationale à ces élections locales. « Sarkozy tend la joue. Eh bien, Il va prendre sa claque. Il l'a voulue, il l'aura… » Peut-être trop euphoriques, comme s'ils vendaient la peau du Sarkozy sans l'avoir tué, les socialistes de base la sentent bien cette élection. Les marseillais se voient tout à fait, comme ils disent, « dégommer » Gaudin, les bordelais s'imaginent « dégommer » Juppé, les toulousains croient pouvoir mettre à bas le maire sortant Jean-Luc Moudeng. Même dans les petites villes, les champions de la gauche caressent ouvertement des ambitions qu'ils n'osaient pas envisager précédemment.

Le combat a changé d'âme et la victoire de camp, à condition, croient-ils, que les éléphants ne se piétinent ni ne se massacrent les uns les autres. Ce qui a quand même été l'occupation essentielle de cette espèce pachydermique ces dernières semaines. Et s'ils tentent d'éviter les mauvaises manières trop évidentes avant les élections, ils n'ont pu éviter de se faire des niches.

Ainsi DSK a-t-il fait hier le coup de l'apparition à la Sainte Vierge, la Dame Blanche, Ségolène Royal. Il inversait les rôles afin de ne pas lui laisser la vedette que Delanoë a tant de mal à contester. Le patron du FMI a pris soin de lâcher sa limousine à quelques dizaines de mètres de la militante Mutualité, c'eût été une faute de goût de l'en voir descendre. Là, DSK tombait comme du ciel puis il s'est glissé en toute ostensible simplicité. Oui, c'est bien lui cet homme simple qui, marchant non pas sur l'eau mais sur terre à côté de quelques jeunes candidates et candidats aux municipales. Ensuite il est allé asseoir, toujours humble et souriant non pas au premier rang où se tenaient censément les stars, mais au 10e, ce qui était une manière particulièrement humble d'attirer les regards sur lui. Pendant ce temps, les strausskahniennes expliquaient aux sourds et muets que nous sommes que c'était un acte symbolique et qu'il faudrait compter sur lui demain. Que ça ne se ferait pas sans lui. Et qu'il ne fallait pas croire que tout se résumait au match Royal-Delanoë. D'ailleurs, Delanoë était parti en voiture électrique se faire ailleurs sur le terrain. Seul le terrain ne ment pas. De sa victoire, de son triomphe passé dépend la suite. Alors il ne perd pas un instant, pas une minute, pas une seconde pour battre la campagne, enfin « sa » ville... Mais Ségolène Royal non plus, qui pour son retour a remporté un beau succès en attaquant bille en tête Sarkozy, « plus rapide pour se marier que pour aller chercher la croissance avec les dents ». Elle montrait à nouveau les siennes, fort blanches et aiguisées.

On l'applaudissait mais pas Fabius le vieux sage qui ne souscrit plus aux vulgaires propos d'autrui que par des balancements, des hochements de tête qui signifient à la fois un acquiècement circonspect et un incommensurable mépris. Même quand parle Hollande et fait un tabac, ce qui est permis, voire recommandé à la Mutualité. On sait que pour les noces et banquets le Premier secrétaire du PS en sursis est un formidable amuseur qui, encore une fois, a fait son effet en se moquant par exemple du croyant Sarkozy qui voulait faire croire qu'il allait « multiplier les poissons ». Mais son plus bel effet, Hollande l'a décroché en fixant aux socialistes un seul objectif pour les semaines à venir : s'occuper des Français et seulement d'eux. Voilà une idée qu'elle est bonne. Mais pourquoi seulement sept semaines ?

Lundi 21 Janvier 2008 - 13:10
Nicolas Domenach

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