lundi 7 janvier 2008

Le PS milite pour des primaires à l'italienne

Les socialistes rêvent de voir leur candidat pour 2012 désigné par toute la gauche, même si les modalités restent à préciser.

Le congrès d'investiture de Ségolène Royal en novembre 2006 (Benoît Tessier/Reuters)

Si la bataille pour la direction du parti polarise actuellement l'attention dans le microcosme socialiste, un autre sujet agite parallèlement le PS: la désignation du candidat pour l'élection présidentielle de 2012. Moins en termes de personnes -une question permanente- qu'en termes de méthode. Et de ce point de vue, la tendance est à l'organisation de primaires à l'italienne.

L'un des principaux partisans de ces primaires n'est autre que Ségolène Royal. L'ancienne candidate socialiste à la course à l'Elysée s'est prononcée clairement en faveur de ce mode de désignation en novembre, au micro de France Inter. Selon elle, il est "indispensable" de mettre en oeuvre ce "formidable mouvement de rassemblement et de dynamisme":



L'Italie et Walter Veltroni sont donc aujourd'hui pris en exemple par le Parti socialiste. Le maire de Rome a été désigné le 14 octobre dernier à la tête du nouveau Parti démocrate, grande formation de centre-gauche, par plus de trois millions de sympathisants, des citoyens pas obligatoirement encartés. Plus de 11 000 bureaux de vote avaient été ouverts pour l'occasion.

Les primaires à gauche avaient été expérimentées pour la première fois en Italie à l'automne 2005. Un an après avoir quitté la tête de la Commission européenne, Romano Prodi était élu leader de l'Unione, coalition de onze partis (communistes, catholiques, écologistes et centristes). En avril 2006, l'Unione remportait les élections législatives et mettait fin à cinq années de gouvernance berlusconienne.

Premier essai manqué de la gauche antilibérale en 2006

Abondamment citées par la suite, ces primaires italiennes n'avaient pas réussi à être transposées en France. La gauche antilibérale avait pourtant tenté de s'accorder dès mai 2006 sur une candidature commune, mais de débats houleux en réunions aux résultats contestés, la tentative avait échoué. A l'arrivée, les antilibéraux s'étaient lancés dans la campagne présidentielle en ordre dispersé, chacun des trois candidats finalement présents (José Bové, Olivier Besancenot et Marie-George Buffet) refusant de céder sa place.

De son côté, le Parti socialiste avait opté pour des débats internes entre les trois prétendants en lice: Ségolène Royal, Dominique Strauss-Kahn et Laurent Fabius. Six débats: trois télévisés, trois interdits aux caméras et micros. Désignée par plus de 60% des militants le 16 novembre 2006, la présidente de la région Poitou-Charentes avait, après sa défaite à la présidentielle, regretté la méthode, considérant que la droite s'était ensuite servie des attaques portées à son encontre par ses concurrents socialistes.

D'où l'initiative récente de deux courants socialistes: changer la méthode pour sortir du piège de la désignation à la prochaine présidentielle. Rénover maintenant, d'Arnaud Montebourg, et Socialisme et démocratie, de Dominique Strauss-Kahn, ont adopté le 14 décembre dernier un texte commun appelant à des primaires au sein de toute la gauche:

"Il faut organiser de véritables élections primaires au sein de notre électorat, à l’extérieur du parti, selon des règles d’ouverture large expérimentées par les gauches italiennes, pour donner au candidat désigné une pleine légitimité. Cela donne deux avantages: d’une part, associer notre électorat à la décision en le rendant parti prenante; d’autre part, associer les autres partis à ce processus, en leur donnant la possibilité d’établir leur influence et de participer ensuite à une dynamique politique."

Quelle définition des frontières de la gauche?

Les défenseurs de ce texte, baptisé "Pour la rénovation", cherchent désormais à rallier le maximum de sensibilités différentes. Mais, en plus de la question de savoir si cette coalition devra ou non déboucher sur la création d'un grand parti, un autre point d'achoppement persiste: la définition des frontières de la gauche appelée à débattre lors de ces primaires.

Lui aussi partisan d'un tel mode de désignation, Julien Dray, soutien de Ségolène Royal durant la présidentielle, rêve d'une "coalition arc-en-ciel" allant d'Olivier Besancenot à François Bayrou. Une poussée à droite qu'est loin d'approuver Benoît Hamon, nouvelle tête de proue de l'aile gauche du PS. Invité vendredi de LCI, le député européen s'est dit favorable aux primaires à l'Italienne mais a également dit ne pas croire "à cette stratégie qui pense que la meilleure manière pour la gauche de reconquérir le pouvoir c'est d'abord de droitiser son projet et ensuite de s'allier avec le centre":



Pour dépasser la question des alliances entre partis, les candidats devraient se présenter sur la base d'une plate-forme programmatique commune établie en amont, de manière à attirer le vote de sympathisants dont la formation politique d'origine ne serait pas partie prenante au rassemblement de la gauche. En clair, un moyen de séduire les électeurs d'Olivier Besancenot ou de François Bayrou, même si ces derniers -pour l'instant muets sur le sujet- n'entendaient pas participer aux primaires.

Des primaires qui pourraient être organisées aux alentours de l'été 2011. Chaque sympathisant souhaitant y prendre part devrait au préalable s'acquitter de quelques euros de frais d'inscription. Le PS table sur la participation d'un million de personnes. A l'automne 2005, en Italie, les organisateurs attendaient 500 000 votants, il y en eût près de quatre millions.

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