jeudi 24 janvier 2008

Marie-Guite Dufay devrait être élue aujourd’hui à la présidence du Conseil régional en remplacement de Raymond Forni récemment décédé.

« Je n’aurai jamais le style de Raymond Forni… ». Dans la bouche de Marie-Guite Dufay ce n’est pas un aveu de faiblesse. Simplement l’évocation d’un changement dans la forme.
En clair, pas plus que son prédécesseur, elle ne se laissera marcher sur les pieds par les Verts avec lesquels les socialistes dirigent la Région depuis 2004.
On la connaît encore très mal, mais cette grande marcheuse qui a puisé son énergie dans son Cantal natal n’a pas attendu l’âge de 58 ans pour laisser les écologistes rompre l’équilibre mis en place par Raymond Forni.

« Je suis souvent dans une bulle »

« Il n’y a pas de nouvelle donne politique, il n’y a donc pas de raison d’augmenter le nombre de vice-présidences comme le réclament les Verts », explique-t-elle.
La fermeté est donc au rendez-vous là où les partenaires du PS pensaient venu le moment de grignoter quelques avantages supplémentaires. « On a l’obligation de travailler autrement entre nous, les socialistes, mais aussi avec les Verts et avec l’opposition », concède-t-elle. Mais il ne faut pas attendre de changement dans les politiques mises en œuvre depuis quatre ans.
En présidant une session à l’automne dernier, en l’absence de Raymond Forni, celle qui n’était alors que la 1ère vice-présidente, avait démontré une certaine fermeté tout en laissant des marges de manœuvres à l’opposition.

« J’ai avancé par petites étapes »

Une posture qui a surpris, car, jusque-là, elle était plutôt connue pour avoir un tempérament déficitaire en terme de communicabilité. Il est avéré qu’elle n’a pas la poignée de main naturelle. « C’est probablement vrai. Je suis souvent dans une bulle », admet Marie-Guite Dufay.
À sa décharge, elle évoque également son implication derrière d’autres. « J’ai toujours été dans le sillage des autres, dévouée à mes patrons et sans mettre en avant mon image. La gestion de l’image c’étaient eux, moi j’avais la main dans le cambouis. J’aime me coltiner aux difficultés ».
« Je fais de la politique pour être au service de mes concitoyens et ce qui m’importe c’est de faire. Et comme je veux toujours tout très bien faire je suis en permanence prise par le temps. Je n’avais pas le souci de mon image », complète Marie-Guite Dufay qui a également élevé trois enfants. Elle évoque aussi un probable atavisme. « Mon père était un excellent médecin, mais on le redoutait dans la famille. Il n’était pas le même avec nous. Ca m’est resté. C’est notre côté rugueux des monts d’Auvergne ».
Elle met aussi en avant son aversion à l’hypocrisie et sa hantise des risettes. « Je reconnais que je suis excessive dans l’autre sens », confesse cette « chrétienne de culture » accusée par son curé d’être « une très mauvaise paroissienne ». À chaque temps son engagement, lui fait-elle comprendre.
C’est aux côtés d’une autre chrétienne, Paulette Guinchard, ancienne secrétaire d’État de Lionel Jospin qu’elle s’est "bâtie" en politique. « Paulette a beaucoup compté pour moi ».
Depuis sa sortie de Sciences Po Paris où elle a rencontré son futur mari, avocat de profession, Marie-Guite Dufay a mené sa carrière marche par marche. « J’ai avancé par petites étapes ». Dans sa vie professionnelle, comme dans son évolution politique, avec une parenthèse consacrée aux enfants et à du bénévolat.
Son fil rouge ? Les questions d’emploi, de formation, d’insertion professionnelle, de femmes. Ce qu’elle résume en seul mot : la solidarité.
Actuellement en disponibilité de l’ANPE, elle naviguait jusqu’à présent entre la mairie de Besançon où elle était adjointe au social, et le Conseil régional où Raymond Forni lui avait demandé de prendre en charge l’économie. « J’ai été boostée par l’énergie de cet homme. Avec lui, il y a eu des déclics ». Il était né un 20 mai, elle un 21 mai.

info le Pays

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