vendredi 18 janvier 2008

Sarkozy en Egypte: trois avions pour un séjour

Ce n'est pas un mais trois avions que le Président a mobilisés: le jet de Bolloré et deux autres appartenant à l'Etat. Enquête.

La flotte égyptienne du Président (Yann Guéguan/Rue89)

Pourquoi le Président a-t-il utilisé le jet de son ami Vincent Bolloré pour se rendre en vacances en Egypte? Parce qu'il y était contraint. C'est en tout cas ce qu'un Nicolas Sarkozy agacé a tenté d'expliquer lors de sa conférence de presse du 8 janvier: "Il y a des problèmes de sécurité pour un chef de l’Etat (...) et ce n’est pas forcément très simple de mettre ces dix personnes dans un charter pour Charm el-Cheikh, voilà!"(Voir la vidéo.)



Un argumentaire d'une minute et trente secondes pour répondre à la journaliste qui avait posé la question, mais également au socialiste Jean-Paul Huchon. Lui aussi en vacances en Egypte à Noël, le président de la région Ile-de-France s'était indigné quelques jours plus tôt, de l'utilisation du Falcon 900 de l'industriel français: "La seule bonne solution, c'est d'y aller en privé, en payant son séjour, de manière tout à fait normale. En ligne régulière, on met quatre heures. C'est pas la galère."

Les accompagnateurs du Président dans un second Falcon

Pas la galère? Nicolas Sarkozy n'est pas loin de penser le contraire. Au -selon lui- "très sympathique" socialiste, il a rétorqué, toujours face à la presse, en listant ces "dix personnes" qu'il était difficile de mettre dans "un charter":

"Le chef de l’Etat est suivi dans sa sécurité par un médecin, par un aide de camp, qui le tient en liaison avec l’armée française pour la bombe atomique, (...) par des transmetteurs, qui installent et qui permettent de savoir qu’il est en permanence joignable..."

Seulement ces accompagnateurs n'ont pas effectué le trajet dans le même avion que le Président: un Falcon 50 de l'Etec (Escadron de transport, d'entraînement et de calibration -anciennement appelé le Glam) les a transportés jusqu'en Egypte, comme c'est le cas pour chaque déplacement présidentiel.

L'A319 présidentiel boudé à l'aller mais pas au retour

S'il n'a pas utilisé un avion de ligne, il n'a donc pas voulu voyager non plus à bord du Falcon de l'Etec. Ce n'était pourtant pas impossible, puisqu'au cours de ses vacances estivales à Wolfeboro (Etats-Unis), Nicolas Sarkozy avait effectué un aller-retour à Paris justement dans cet avion de l'Etec, afin de se rendre aux obsèques de Monseigneur Lustiger.

Pour un Président qui "assume" et se dit si soucieux des deniers du "contribuable français", le décalage commence à poindre. Un décalage qui apparaît d'autant plus important quand on apprend que Nicolas Sarkozy a utilisé un troisième avion pour revenir en France.

En visite officielle en Egypte le dernier jour de sa semaine de vacances, le chef de l'Etat a fait venir l'un des deux A 319 présidentiels pour le ramener à Paris en compagnie de Bernard Kouchner. Le ministre des Affaires étrangères, lui, avait volé sur une ligne régulière à aller.

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