vendredi 4 janvier 2008

Ségolène Royal a pris une résolution pour la nouvelle année. En 2008, elle se verrait bien première secrétaire du Parti socialiste. L’ex-candidate à la présidentielle (47 % des voix au second tour) a affirmé hier pour la première fois sa volonté de prendre la tête du PS. «Je compte aller jusqu’au bout de ce que j’ai entamé au cours de cette campagne présidentielle pour rénover la gauche», a-t-elle lancé sur France 2. Avant de préciser, en réponse à une question sur le congrès du PS fin 2008 et le remplacement de l’actuel premier secrétaire, François Hollande : «Si je suis capable de rassembler les socialistes sur cette offre politique, j’irai jusqu’au bout de cette démarche.»


Ce coming-out de Royal a rouvert fissa la boite à gifles. La plupart sont parties du front hétéroclite et encore souterrain des «reconstructeurs» (lire ci-contre) : du strauss-kahnien Jean-Christophe Cambadélis à l’ex-royaliste Arnaud Montebourg, en passant par le député européen Benoît Hamon. «Avec ses deux millions de voix de retard sur Nicolas Sarkozy et le flou artistique de son offre politique et stratégique, elle n’est pas la plus légitime pour incarner la rénovation du PS», a par exemple réagi le leader du NPS.

Trancher. Ségolène Royal aura donc profité de la trêve de Noël pour trancher la question qui divisait jusqu’ici son entourage. Comme lors de la course interne à la désignation présidentielle, la présidente de la région Poitou-Charentes cherche à prendre de vitesse ses rivaux. Et notamment le plus dangereux d’entre eux, compte tenu de l’exil de Dominique Strauss-Kahn au FMI : Bertrand Delanoë, contraint de garder un pied sur le frein, campagne municipale oblige. Mais, redoutée par nombre de socialistes, la perspective d’un duel Royal-Delanoë semble désormais inévitable. «Tout le monde sait que c’est une folie, mais tout est en train de se mettre en place, résume un député. Comme un processus mécanique, qui nous amène à un nouveau congrès de Rennes…»

Reste que Royal comme Delanoë ont des motifs d’embarras. Pour la première, qui ne siège pas à l’Assemblée nationale et n’est pas candidate aux municipales, il s’agit de maîtriser le tempo. «Royal veut donner l’illusion qu’elle donne le la, car elle ne peut pas se permettre d’assister en spectatrice au sacre de Delanoë comme roi du PS à l’issue des municipales», expliquait hier un dirigeant du PS. Pour ne pas faire de la figuration pendant la campagne, des déplacements sont prévus, le premier à Saint-Brieuc (Côtes-d’Armor), le 12 janvier. Royal devra aussi apprendre à mettre les mains dans la machinerie du parti : «Le vrai problème, si elle décide de s’organiser, c’est de savoir si elle en est capable. Il y a encore du boulot à faire…», reconnaît un proche.

Tout aussi délicate est la position de Delanoë. «Il veut s’investir d’abord dans sa campagne, ensuite dans la rénovation du PS», explique Harlem Désir. «Jusqu’au mois de mars, Delanoë est bloqué, résume un autre proche. Il ne peut guère faire plus que ce qu’il fait aujourd’hui.» A savoir, faire plancher ses amis. Et apparaître consciencieusement à tous les raouts socialistes pour faire valoir un légitimisme que n’aurait pas sa rivale. Car pour les amis du maire de Paris, c’est bien sur le terrain du rapport au parti que se jouera le match : «Pas sûr que pendant la campagne des municipales, la stratégie de Royal de diabolisation permanente du parti et d’attaque des éléphants sera vue d’un très bon œil», estime Anne Hidalgo, adjointe de Delanoë.

Belliciste. Certains proches de Royal tentent bien de tempérer l’opposition avec Delanoë, comme Michel Sapin : «Il y a entre eux des différences de culture et d’histoire. Mais je ne vois pas de points fondamentaux qui les opposent.» Mais cette vision des choses est quelque peu enjolivée, aux yeux de l’entourage de Delanoë : «On entend dire qu’il n’y a pas de différence, qu’ils abordent les questions de société de la même façon. Mais Delanoë est un progressiste, qui pratique une véritable démocratie participative. Royal, elle, cherche une relation directe avec le peuple, sans corps intermédiaire. Il y aura de toute façon une bataille.» Une vision belliciste que partageaient avant Noël certains membres du camp adversaire : «Elle doit prendre la tête de la rénovation. Et rapidement.» Ils ont été entendus.

Reste l’arithmétique : celle de la majorité, nécessaire pour l’emporter au congrès. François Hollande, qui entend toujours peser dans le jeu d’ici son départ (il a réuni mi-décembre une trentaine de premiers fédéraux), nourrit le projet d’un rapprochement politique avec son ex-compagne. Projet partagé avec certains royalistes, comme François Rebsamen ou Michel Sapin. «Il y a deux légitimités dans ce parti : celle du premier secrétaire, celle de la candidate, explique ce dernier. Il faut les additionner pour former une majorité.» Mais la parution du livre de Ségolène Royal a quelque peu compliqué cette perspective. En attendant, Royal et Delanoë semblent lancés, selon un député, comme «deux trains qui foncent à grande vitesse l’un contre l’autre».


1 commentaire:

Anonyme a dit…

Bravo Ségolène!

La proposition Politique, le Secrétariat National, courage et pugnacité voilà bien les qualités qui nous appellent à préparer l'après Sarkosisme et son triste cortège de pauvretés, de désespoir et de méfiance envers un chef de l'Etat qui ne représente plus que les actionnaires du CAC40

Allons enfants....

Philippe DENIS