jeudi 3 avril 2008

World Tricot toujours sur le fil du rasoir

Spécialisée dans la maille de luxe, World Tricot, la petite société haut-saônoise, a bénéficié d’un nouveau délai jusqu’au 6 mai prochain.

Après un délai de grâce accordé en décembre dernier par la Chambre commerciale du tribunal de grande instance de Lure, la société World Tricot a obtenu hier un nouveau renvoi au 6 mai prochain.

Vente à Lure ce samedi 5 avril

Responsable de cette société spécialisée dans la fabrication de vêtements en maille tirant vers le haut de gamme, Carmen Colle a enregistré cette nouvelle décision de justice avec satisfaction.
« Nous avons pour repartir à zéro besoin de temps. En mars dernier, après plusieurs saisons d’absence, nous avons présenté à Paris notre nouvelle collection hiver 2008-2009 constituée de 34 pièces. Cette présentation a été pour un véritable nouveau départ. Cela n’a pas, bien que je sois et que je reste optimiste, été de soi ».
Aujourd’hui, World Tricot n’emploie plus que sept salariés à temps plein.
L’entreprise a recruté depuis le début de l’année un commercial chargé de trouver de nouvelles parts de marché à l’international.
World Tricot a multiplié les opérations de ventes afin de se refaire une trésorerie, d’autant que les comptes de la petite entreprise haut-saônoise sont loin d’être apurés.
World Tricot va poursuivre cette politique commerciale, à raison au minimum d’une opération de ventes par mois. La prochaine vente est prévue ce samedi 5 avril 2008 avec ouverture des locaux de 9 à 17 h, sur la zone d’activités de Lure.
Pour autant, Carmen Colle ne pratique pas la langue de bois.
« Cela va faire trois ans que la procédure avec Chanel se poursuit, dont plus de deux années d’expertises. J’avoue ne pas très bien comprendre que les choses traînent à ce point. De tels délais ne peuvent s’expliquer uniquement pour un carré de mailles. Sur le fond est posé un problème de propriété intellectuelle, qui n’est toujours pas tranché. Je persiste à dire qu’il y a eu copie d’un de nos modèles et, de ce fait, rupture abusive du contrat avec Chanel ».
Rappelons qu’en mars 2005, Carmen Colle avait découvert dans une boutique de luxe de Tokyo un vêtement en mailles sorti de l’atelier de World Tricot à Lure.
Après avoir fait cette découverte, l’ancienne animatrice de quartier devenue chef d’entreprise a assigné fin septembre 2005 la maison Chanel en justice pour « contrefaçon et parasitisme ».

Nous sommes toujours en vie parce que nous aimons notre travail

Sur ces entrefaites, la maison Chanel n’a pas renouvelé ses commandes à World Tricot, mise en grande difficulté. Puis Chanel a saisi à son tour la justice en réclamant à World Tricot quelque 540 000 euros de dommages et intérêts.
L’histoire du pot de terre contre le pot de fer ? Elle a en tout état de cause défrayé la chronique dans le monde de la mode.
« Beaucoup de gens liés au monde du luxe pensaient que nous étions définitivement enterrées, confie Carmen Colle. Mais nous sommes toujours en vie, parce que nous croyons et que nous aimons par-dessus tout notre travail et la vie ».

info: Le Pays

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