mercredi 16 janvier 2008

Royal repart en campagne

En Alsace pour les municipales, l'ex-candidate affronte à nouveau Sarkozy.

L'effet Royal joue encore. A Colmar, la tête de liste du PS aux municipales, Paul Leyer, est au bord des larmes lorsqu'il accueille l'ex-candidate. Il salue son courage à venir «en terres de mission» comme il dit, c'est à dire bien ancrées à droite. Partie de la gare de l'Est à 7 h24, Ségolène Royal regagnera Paris à 20 h34. Une journée de 13 heures. Elle dit: «Je suis au travail». Pendant que les autres se bagarrent.
Paul Layer est d'autant plus retourné qu'il est rocardien et que son patron vient de signer une de ces méchancetés dont il a le secret contre Royal. «Mais où on va?», demande le vieux militant. «Mais il est malade?». C'est Ségolène qui le réconforte, refuse toute polémique - «par dignité, par respect, il y a trop de problèmes dans ce pays».
Même à Ribeauvillé, la belle cité vigneronne, l'usine Sony vient d'annoncer un 5e plan social: 230 licenciements. Les téléphones portables sont fabriqués en Chine désormais et la sous-traitance peut être un jour délocalisée. Royal rencontre syndicats et direction puis livre son commentaire dans le petit matin frais, sur fond de Haut-Kœnigsbourg.

La déliquescence
de Rocard


«Il n'y a pas de fatalité» - le groupe Sony Ericsson se porte bien. «Il n'y a que de la désinvolture... Nicolas Sarkozy doit se remuer. Qu'il se mette au travail!», dit Royal. «Il n'a pas le temps, il est en lune de miel», ose une ouvrière. «Un pouvoir qui abandonne ses salariés et ses entreprises est un pouvoir immoral», dit Royal. Les mots reviennent comme un flot.
Une heure plus tard, elle déjeune à Strasbourg dans le restaurant coopératif et d'insertion du Bergsee. Ce n'est pas Louxor ici et ce n'est pas par hasard. Les anciens rivaux sont à ses côtés: Roland Ries qui conduit la liste du PS et Catherine Trautmann. L'honneur est sauf.
«Le président de la République lui-même a dit que ce serait un test national... Ces municipales sont un enjeu majeur», dit Ségolène Royal. «C'est le moment de donner un bon avertissement au pouvoir central. Et en même temps c'est l'occasion de choisir un bon maire!», dit-elle pour se rattraper.
Trautmann peine à juger trop sévèrement Michel Rocard... Elle dit qu'elle proposera «une pause dans les polémiques personnelles». Vincent Peillon, fidèle Royaliste, n'attend pas une bien hypothétique trêve au PS, il flingue «la déliquescence morale, intellectuelle et politique» de Michel Rocard. «Ce n'est pas la première fois et ce n'est pas une belle sortie pour lui». Voilà Papy Rocard chaudement poussé vers la maison de retraite.

Thé dansant
et petites retraites

Il n'y a pas que des retraités aigris. Après un thé à la menthe et une pâtisserie orientale avalée au restaurant Mosaïque, tenu par des femmes du Maghreb au quartier du Neuhof, Ségolène Royal a poussé jusqu'à Hautepierre. Là même où le ministre Sarkozy se plaisait à venir au contact de la banlieue. Changement de décor, aujourd'hui au centre social Le Galet, c'est thé dansant au Club des aînés.
Quelques notes de Marseillaise au synthé vite fait, suivies de «Je suis une fleur de Paris». Pierrot, le président est «ravi» d'accueillir Ségolène Royal et Roland Ries. Les autres, très majoritairement, aussi. Interminable séance photos, mains serrées à toutes les tables. Jean-Baptiste, 58 ans et l'œil séducteur jure avoir mis «une cravate rouge pour Ségolène».
Roland Ries est emporté par une cavalière. Elle, préfère lancer au milieu des groupies qui l'entourent le mot qui fâche: retraite. «J'ai 625 euros pour 40 ans de travail! Je suis écœurée», éructe Paulette, ex-restauratrice. «Il n'y en a que pour les gros!» Effet garanti. «Et il avait promis 25% de hausse des petites retraites», glisse Royal qui ajoute pour enfoncer le clou: «Et on attend toujours!» Comme si elle était retraitée...
16/01/08
Est Républicain


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