mardi 19 février 2008

Villiers-le-Bel: tollé à gauche contre la médiatisation de l'opération policière

AFP - Lundi 18 février, 19h39

PARIS (AFP) - La gauche et le président du MoDem François Bayrou ont sévèrement critiqué la médiatisation de la vaste opération de police menée lundi matin à Villiers-le-Bel (Val-d'Oise), accusant le gouvernement d'arrière-pensées électorales à trois semaines des municipales.

Le fait que les médias aient été massivement prévenus, avant les élus locaux, de l'imposant déploiement de forces, a suscité une volée de bois vert contre le gouvernement, l'opération elle-même étant relativement épargnée.

"Il est nécessaire de respecter le droit, la loi et la justice, et des incidents comme ceux qui ont eu lieu (à Villiers en novembre 2007) doivent avoir des suites", a déclaré par exemple François Bayrou.

Mais "on ne doit pas mélanger la justice et la mise en scène", a ajouté le président du MoDem, en soulignant que la justice "est faite pour obtenir l'arrestation et moins pour faire de la communication".

"Quand des caméras accompagnent des opérations policières massives en période municipale, c'est une façon d'influencer l'opinion, de vouloir faire peur", a fustigé de son côté Ségolène Royal, évoquant un "dysfonctionnement grave de la République".

"J'espère que les Français vont sanctionner par leur vote" aux municipales "ce type de manipulation", a déclaré l'ex-candidate PS à la présidentielle.

Le PCF a dénoncé un "gigantesque cirque médiatique", reprochant à M. Sarkozy de prendre le risque "d'enflammer une situation sociale de plus en plus fragile".

La sénatrice Verte de Paris Alima Boumediene-Thierry a fait la comparaison avec un "jeu de téléréalité". "Ce n'est pas en impliquant les journalistes que le gouvernement parviendra à trouver une nouvelle légitimité aux yeux des Français", a-t-elle ironisé.

Nicolas Sarkozy "renoue avec ses fondamentaux: la police au service de sa politique spectacle", a dénoncé la LCR.

Le maire PS de Villiers-le-Bel, Didier Vaillant, a jugé "tout à fait regrettable" d'avoir été prévenu après la presse. Et il a également mis l'accent sur la nécessité de renforcer la présence policière sur le terrain.

"Depuis de nombreuses années nous demandons l'affectation de 40 policiers supplémentaires" au commissariat voisin de Sarcelles "et l'affectation de policiers permettant de doter correctement le nouveau commissariat de Villiers-le-Bel", a dénoncé M. Vaillant, dans un communiqué conjoint avec la sénatrice du Val d'Oise Raymonde Le Texier (PS) et le député-maire de Sarcelles François Pupponi (PS).

"A ces deux questions, nous n'avons jamais obtenu à ce jour aucune réponse du gouvernement", ont-il regretté.

La porte-parole de l'UMP Nadine Morano est restée de marbre face à ces accusations, évoquant une "opération efficacité". "En France, il n'y a pas de non droit (...). Les Français sont sensibles à la politique de zéro tolérance", a-t-elle ajouté.

La ministre de l'Intérieur Michèle Alliot-Marie a pour sa part dit qu'elle "regrettait profondément que des fuites aient conduit à une médiatisation importante de cette opération, parce que cette médiatisation pouvait avoir des conséquences graves".

La prenant au mot, la secrétaire nationale du PS à la Sécurité, Delphine Batho, a réclamé "une enquête" du ministère de l'Intérieur pour déterminer comment la presse avait été avertie.

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