A méditer
L'édito de Pierre Taribo dans l'Est Républicain du jour:
Démolition PENDANT que François Fillon s'échine à faire ingurgiter l'ouverture aux cadres de l'UMP qui font la grimace, Nicolas Sarkozy remet le couvert sur le sujet. Et pas n'importe comment. Il sort l'argenterie et la belle vaisselle. Strauss-Kahn, Lang, Carcassonne, Schrameck, ce n'est plus une ouverture d'opérette mais une entreprise de démolition, pierre par pierre, du Parti socialiste. Sauf que dans cette fuite des cerveaux, il ne faut pas tout mélanger. Kouchner, Bockel, Besson étaient des marginaux au sein du PS. Ce ne sont ni des soldes, ni des trésors volés. Juste des gens un brin opportunistes, ravis de jouer les pionniers. Jack Lang est un pro du pouvoir qui rentre dans la danse, un peu parce qu'il croit à la mise en commun des compétences, beaucoup pour satisfaire son ego. Quant à Guy Carcassonne et Olivier Schrameck, ce sont des techniciens qui peuvent faire la cabriole sans trahir leurs idéaux. Ce n'est pas le cas de Dominique Strauss-Kahn, qui bénéficie de la courte-échelle élyséenne pour atteindre la direction du Fonds monétaire international (FMI). Comme toujours, la perspective de voir un président de droite soutenir une personnalité de gauche ouvre des procès où s'agitent des procureurs aussi petits que sectaires, qui n'oublient qu'une chose : se demander pourquoi le chant des sirènes sarkozystes fait mouche dans les rangs du PS. Avant de soupçonner DSK de la moindre traîtrise, ils devraient se souvenir que le FMI n'est pas un organe qui dépend du gouvernement, dont la vocation serait de servir Nicolas Sarkozy. Ils devraient aussi savoir que le président n'a fait que sauter en marche dans un train mis sur les rails par Jean-Claude Juncker, Angela Merkel et Romano Prodi, les premiers à émettre l'hypothèse DSK pour diriger le FMI. Simplement, super-Sarko l'a fait à sa façon, comme si l'idée venait de lui. Pour autant, l'arme qu'il utilise pour assommer la gauche est à double tranchant. En effet, ne vaut-il pas mieux pour DSK, prendre de la hauteur, acquérir une stature internationale avant de revenir plus tard dans le jeu grandi par cette expérience ? Après tout, pourquoi ne deviendrait-il pas un Delors avec des ambitions présidentielles ? C'est le risque pour Nicolas Sarkozy, qui déboussole le PS en essayant d'ajouter un gros gibier à son tableau de chasse et qui, en même temps, offre une tribune à DSK. Il est vrai que pour bousculer les lignes, il n'y a rien de mieux qu'un mélange d'audace et de machiavélisme. Pierre TARIBO9/07/07 |
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