Après recomptage, l'écart en faveur de la maire de Lille est passé de 42 à 102 voix, mais impossible d'avoir les résultats détaillés.
Samedi 22 novembre, 5h40 du matin, les journalistes reçoivent par e-mail les résultats fédération par fédération du second tour du scrutin pour le premier secrétaire du PS, soit 7h40 après la clôture des votes en France métropolitaine. Martine Aubry devance Ségolène Royal de 42 voix.
Tollé chez les royalistes, qui crient au "vol", réclament un "nouveau vote" et menacent d'aller en justice. C'est finalement la commission de récolement qui examine les litiges lundi et mardi. Et le conseil national acte mardi soir les travaux de cette commission, qui accroît encore l'écart en faveur de la maire de Lille et confirme donc sa victoire:
La question est sur les lèvres de nombreux journalistes à peine le vote du conseil national passé: de quelles sections proviennent ces 60 nouvelles voix d'écart? En guise de réponse, l'un des principaux soutiens de Martine Aubry éclate de rire...
"C'est la majorité politique qui a tranché, pas les règles juridiques"
Les jours passent, et toujours pas trace des résultats fédération par fédération du second tour corrigés par la commission de récolement. Contacté ce vendredi par Rue89, le service de presse du Parti socialiste est peu bavard: "On ne les a pas." Les aura-t-on un jour? "On ne sait pas."
Le camp Royal non plus ne sait pas s'il les aura un jour. Jean-Pierre Mignard, président de Désirs d'avenir et l'un des treize membre de ladite commission, ne s'en offusque plus qu'à moitié:
"Vous n'imaginez pas dans quelles conditions on a travaillé, on n'avait même pas les copies des PV de toutes les fédérations avant la commission de récolement. C'est la majorité politique qui a tranché, pas les règles juridiques. Voilà la vérité historique, on ne saura jamais qui a gagné."
"Le vote du 21 novembre restera pour toujours entaché d'un soupçon"
Soutien de Bertrand Delanoë, Pierre Moscovici ne disait pas autre chose sur son blog au lendemain du conseil national, mais lui a tout de même voté en faveur des conclusions "politiques" et "conventionnelles" de la commission de récolement:
"Nous n'avions hier le choix qu'entre des inconvénients. L'inversion du résultat n'était pas justifiable. Un nouveau vote aurait encore dégradé le climat, déjà irrespirable, dans lequel nous vivons. La menace judiciaire était, est toujours insupportable, invivable. (...)
Il fallait donc prendre acte du résultat, politique, de la commission de récolement, qui a conventionnellement donné 102 voix d’avance à Martine Aubry. Le vote du 21 novembre restera pour toujours entaché d'un soupçon, mais le conseil national devait prendre ses responsabilités."
"Ils n'existent pas! Il n'y a que les journalistes pour y croire"
Plus direct encore, mais planqué derrière un anonymat réclamé, un des camarades ralliés à Martine Aubry sur le tard se gausse qu'on l'on puisse chercher à connaître aujourd'hui ces résultats:
"Ils n'existent pas! Il n'y a que les journalistes pour croire qu'il y a eu une vraie commission de récolement..."
Egalement joints par Rue89, Daniel Vaillant, président de la commission, ainsi que Kader Arif et Bruno Le Roux, représentants de la direction du parti au sein de la commission, n'ont pas répondu aux messages laissés sur leur téléphone portable ou à leur assistant.
Seul un très proche de Martine Aubry a accepté ce vendredi de nous envoyer les résultats corrigés par e-mail, "mais plutôt ce soir". A cette heure, toujours rien, malgré plusieurs rappels et messages restés sans suite.
Jean-Pierre Mignard endosse de nouveau ses habits d'avocat de Ségolène Royal, qu'il est dans la vie, pour s'indigner encore une fois de l'absence générale de transparence sur ce vote:
"Nos concitoyens doivent être certains que les partis politiques à qui on donne de l'argent public agissent conformément à la loi."